A Z - Un hôpital où l'on vit... où l'on meurt

Située dans la banlieue nord-est de la plus grande ville d'Afrique, Le Caire, capitale de l'Egypte, Abu Zaabal est à une petite quarantaine de kilomètres du centre-ville.
Abu Zaabal est la plus grande léproserie du monde arabe.
En Egypte, la majorité de la population ignore son existence.

Installée dans d'anciennes casernes militaires et financée par le ministère de la Santé pour la gestion quotidienne, elle comprend un hôpital central et, un peu plus loin, deux quartiers indépendants, l'un pour les femmes, l'autre pour les hommes.

Avec son jardin fleuri, l'hôpital central fait office de vitrine.  On y trouve le bloc opératoire et sa scie électrique pour effectuer les amputations... quand le chirurgien daigne se déplacer.  On y trouve le cordonnier, indispensable pour fabriquer les chaussures et les prothèses sur mesure pour les lépreux.  Le laboratoire et son microscope permettent de déceler le bacille de Hansen et de diagnostiquer la maladie.  La buanderie et la boulangerie nous rappellent que la léproserie est un véritable lieu de vie.  On sait quand on y entre, on ne sait pas quand on en sort.

Même guéris, les lépreux ne retrouvent pas de vie sociale à l'extérieur.
Pas loin de l'hôpital, un village s'est développé.  Et comme la lèpre n'empêche pas d'avoir des enfants sains, une crèche et une école ont vu le jour.  Pour ces petits bouts qui jouent dans la cour, l'horizon s'arrêtera probablement là.

(Benoît Toussaint - metro - mars 2010)